Gros plan sur.Bongrain

Entreprise & Portrait

Chute des cours des sous-produits, stabilisation de la consommation des fromages, hausse des dépenses publipromotionnelles, impact négatif du cours des monnaies... la conjoncture n’aura pas épargné Bongrain. Son résultat net revient à 300 millions de francs pour un chiffre d’affaires consolidé de 10,4 milliards de francs. Ce résultat est à comparer aux 434 MF dégagés en 1993! Il n empêche, le groupe reste riche (347 MF de trésorerie nette et 4,1 milliards de fonds propres) et confiant dans son avenir. Côté innovation, de nombreux produits sont en cours de lancement : Pain d’Ange, Marbleu, St-Aubin, Bressan Crémier, des nuggets de fromage (Menu Fromage) et une pâte fraîche Movenpick en Allemagne.

La stratégie industrielle

Son parc d’usines a été presque entièrement modernisé : après un point bas en 1993 (290 MF), les investissements industriels ont progressé régulièrement pour atteindre 393 MF en 1996. Depuis 1988, sept usines françaises ont été ou construites ou quasiment reconstruites : Illoud (Caprice des Dieux), Meslay (Vieux Pané), Azé (Fol Epi et Chamois d’Or), Jurançon (StAlbray), Viodos (Etorld), St-Arnoult (Rambol décoré noix), Le Tholy (Géramont) auxquelles il faut ajouter une usine en Argentine et une en Espagne. C’est désormais le tour de Beauzac (St-Agur), Servas (Bresse Bleu) et de quatre usines à l’étranger : une au Brésil vour Polenghino. une en Uruguay pour les pâtes demi-dures, une en Argentine pour Reggianito et enfin la dernière pour la Hongrie (Medve et Pannonia). Un programme industriel d’autant plus chargé qu’il faut y ajouter les installations de nouvelles lignes de production ici ou là.

Compte tenu de son porte-feuille produit très varié (pâtes molles, pâtes pressés, fondues...), le groupe Bongrain a opté pour la polyvalence de ses usines à l’intérieur d’une catégorie de produits : « La plupart de nos usines sont polyvalentes ou le deviendront », affirme Vincent Jacquet, directeur des produits industriels. C’est déjà le cas de l’unité d’Illoud qui fabrique Caprice et Géramont, de celle d’Azé (Chamois d’Or et Fol Epi), de celle de Marsac (Tartare et StMoret) ou encore de celle de Reparsac (Tartare et Chavroux).

A cela s’ajoutent bien entendu toutes les dépenses courantes pour maintenir le potentiel industriel. Rien que pour protéger les installations contre les risques incendies, Bongrain a dépensé 60 millions de francs ces quatre dernières années. « Pour s’adapter aux évolutions de la réglementation concernant la sécurité des personnels, la protection de l’environnement ou la maîtrise de l’hygiène, il faut compter 20 millions par an », précise affirme Vincent Jacquet.

Les problèmes de la cle ressurgissent

Très sensible à l’évolution des cours des sous-produits, la Compagnie laitière européenne, détenue à environ 10 % par Bongrain (mais gérée par lui), a plongé dans le rouge (180 millions de pertes en 1996) ce qui nécessitera très probablement une recapitalisation en 1997. Les banquiers et les coopératives actionnaires sont une nouvelle fois au pied du mur. Et pourtant, 1996 aura permis de trouver une solution au problème espagnol. Après une sévère restructuration (les effectifs sont passés de 1 500 à 700 et le nombre d’usines de huit à quatre), Ato et Larsa, acquisitions malheureuses de « l’épopée ULN », ont été intégrées dans la Capsa (3 milliard de chiffre d’affaires, la CLE détient 30 % du capital), une société créée avec la Laitière des Asturies. Pour se redresser, la CLE compte sur une augmentation des volumes et la réduction des coûts. Mais à terme, celle-ci devra « améliorer la valeur ajoutée de ses produits industriels et de grande consommation », estiment les responsables de Bongrain.

Des difficultés en amérique du nord

En 1997, le chiffre d’affaires de Bongrain devrait atteindre au moins 11,2 milliards de francs compte tenu de la consolidation prévue de ses activités en Amérique du Sud. Ces entreprises sont rentables. Ce qui est à peine le cas pour l’Amérique du Nord. Si BC USA (spécialité fromagère à base de crème, 388 MF) et Aseptic Food Group (conditionnement à façon de sauces, de crèmes et de boissons, 384 MF) sont rentables (respectivement 16 et 23 MF de résultat), Alta Dena devrait être restructurée en 1997. Spécialisée dans la production et la distribution de produits laitiers, l’entreprise a perdu, en 1996, 35 MF pour un chiffre d’affaires de 932 MF. En Asie, Bongrain investit actuellement dans une unité pilote en Inde avec un partenaire local et a également décidé de s’installer en Chine.

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